Andrzej Zaniewski - Mémoires d'un rat
Cher lecteur, n’oublie pas que, lorsque j’ai décrit de façon minutieuse et naturaliste l’existence d’un rat, c’est à toi que je pensais.
Andrzej Zaniewski
Mémoires d'un rat est mon premier roman consacré à un animal, une créature insolite et méconnue car, lorsqu'il s'agit des rongeurs, l'homme et plus soucieux de chercher les moyens de les combattre que d'étudier leur comportement, leur psychisme et leur sensibilité. C'est un roman à sensation et tout rempli de mystère ; en effet, autour des nids de rats et à proximité de leurs trous se déroulent nombre de tragédies, de drames et d'aventures... Les expéditions d'Héraclès, les malheurs d'Œdipe, les voyages d'Ulysse, le désespoir de Niobé, la mort d'Antigone, les destinées des Dieux, des Titans et des hommes se rencontrent, s'entremêlent et s'unissent dans la conscience 'un être qui a tout juste la taille et le poids d'un cœur d'homme. (...) Cette ultime confession d'un rat n'est pas un livre sur les animaux, bien qu'on puisse aussi le concevoir de cette façon. J'y vois au contraire un récit sur les lois qui dominent notre société, nos mythologies, nos vérités et nos mensonges, l'amour et l'espoir, la solitude et la nostalgie. (...)
Dans notre monde humain et prétendument sain, nous préférons les oublier. Car les rats suscitent l’aversion et la crainte – peur des maladies que parfois ils véhiculent, appréhension quasi superstitieuse devant la puissance de leurs dents qui ne cessent de pousser. La société souterraine des rats, leur faculté d’adaptation et leur lutte constante pour survivre, leurs migrations massives et leur propension individuelle au voyage, les exemples nombreux de leur extraordinaire intelligence, les légendes et les récits que j’ai entendus depuis mon enfance, tout cela a fait que les rats m’ont très tôt fasciné, suscitant non seulement ma curiosité mais aussi une sorte d’admiration respectueuse pour la nature qui a su créer des êtres capables de coexister aussi parfaitement avec l’homme.
J’ai toujours été intrigué par ce que pouvait être une vie de rat, ses motivations et ses mécanismes, les structures sociales et les relations entre les individus, leurs caractères et leurs penchants, très comparables à ceux des humains.
Dans les labyrinthes expérimentaux des laboratoires, chaque rat se comporte différemment, témoignant de ses aptitudes et de ses faiblesses. Parfois il renonce, recule et s’enfuit ; plus souvent il s’obstine, cherche une sortie, opère des choix, ronge les minces parois, prêt à créer ou à explorer de nouveaux labyrinthes.
J’ai essayé d’approcher les rats, de les connaître le mieux possible, de la façon la plus complète. J’en ai élevé, je les ai observés, j’ai essayé de les comprendre et de devenir leur ami.
Cette ultime confession d’un rat n’est pas un livre sur les animaux, bien qu’on puisse aussi le concevoir de cette façon. J’y vois au contraire un récit sur les lois qui dominent notre société, nos mythologies, nos vérités et nos mensonges, l’amour et l’espoir, la solitude et la nostalgie.
Lui et nous sommes des habitants du cosmos, nous respirons la même atmosphère terrestre, nous appartenons au même ordre, celui des mammifères, tous dotés du même type de cerveau, de cœur et d’estomac, avec le même processus de fécondation et de reproduction.
Nous sommes donc des cousins biologiquement et psychologiquement très proches, et nos deux espèces, bien que dans des circonstances différentes, ont survécu à des millions d’années d’évolution grâce à leur vitalité, à leur force et à leur intelligence, et sont parvenues à un tel degré de perfectionnement qu’elles dominent la planète.