Prospero's books

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Philippe Djian - Vers chez les blancs

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«"Pourquoi pas un porno ?" me demanda Édith.Il était tard. J'essayais de terminer un article sur une algue, la Super Blue Green™. Mon bureau était encombré de documentation.Je fis celui qui n'avait rien entendu.» En apparence seulement. Car Francis, écrivain en perte de vitesse, va entraîner Nicole, la femme de Patrick son ami écrivain, dans un tourbillon érotique destructeur. Cette plongée dans les eaux troubles de la sexualité ne nous fait pas oublier qu'avec Djian l'enjeu est toujours ailleurs : du côté des êtres et de leur identité.

A travers 375 pages, Philippe Djian aborde quelques-unes de ses obsessions: la mainmise des multinationales sur les secteurs juteux, l'obsession du fric, le danger écologique. Dans ce pessimisme généralisé plane une grâce paradoxale, dévoyée et tragique, une enfance vieillie qui court après ses rêves: rêve de Madonna qu'on mettrait bien dans son lit, rêve de célébrité... Djian prête à son (anti) héros, trafiquant de drogues et revendeurs de tee-shirts de la Bundeswehr, une ingénuité épatante dans la relation de ses affaires, y compris copulatoires. Car on finirait par l'oublier, Vers chez les blancs est aussi un bouquin porno qui travaille le sexe au corps tout en laissant l'effroi de côté: il s'agit de nommer ce que deux adultes consentants peuvent se faire à l'abri des regards, de parler plus fort que les images. L'auteur y parvient grâce à l'emploi d'un style détaché et plein d'humour qui s'accommode d'une langue parfois précieuse, truffée de subjonctifs dont l'effet fait merveille. 
Lancé à fond dans son entreprise pornographique, Djian crache tous les morceaux. Comme il le dit lui-même, ce n'est pas avec de la bile qu'on fait de la littérature, mais avec de la colère. La sienne n'est pas dénuée de tendresse. Cela compense une propension à trop en faire. Car le stupre à outrance tourne vite à la guimauve et le sexe lasse hélas! 

Vers chez…



08/08/2013
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