Prospero's books

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Seumag O'Kelly - La Tombe du tisserand

 

La Tombe du tisserand est un récit irlandais. Nous avons peu d'éléments temporels auxquels nous raccrocher, nous dirions que le temps de la narration est filé sur une journée. L'histoire prend place dans l'honorable Cloon na Morav, le Champ des Morts, cimetière où reposent les illustres ancêtres du patelin des protagonistes. Parmi les derniers hommes à connaître le privilège d'y reposer, le tisserand qui vient de trépasser. Nous y suivons une drôle d'excursion, un fameux cortège, composé d'une veuve peu éplorée, lucide sur sa condition non valorisante de quatrième épouse, et deux vieilles bourriques fatiguées, un cloutier et un casseur de pierre à l'échine pliée par une vie de besogne.

Tous deux affichent un air important, illuminés de bonheur par la mission qui vient de leur tomber du ciel, la mort de leur camarade est une formidable péripétie dans leur vie morne : il leur incombe le devoir d'indiquer l'emplacement où l'on doit enterrer le défunt. Escortés par des jumeaux fossoyeurs pressés et peu courtois, ils parcourent ce lieu surréaliste et paisible, torturé par le passage du temps. 

Ces vieux sont orgueilleux, pittoresques et têtus. Les répliques sont mordantes, aussi absurdes et profondes que celles d'un Beckett ou d'un Anouilh. Brodée au fil du récit, on assiste à la naissance incongrue d'une histoire d'amour. Un coup foudre qui saisit, impunément et innocemment, l'un des fossoyeurs de Cloon na Morav et la jeune veuve.

« Considéré comme le plus grand nouvelliste irlandais, couvert d’éloges de son vivant, Seumas O’Kelly (né en 1881) est mort assassiné en 1918 dans le journal indépendantiste qu’il dirigeait. Fils de commerçants, originaire de Loughran, dans le comté de Galway (région riche en vestiges de châteaux et d’édifices religieux), membre du Sinn Fein, il a écrit de nombreux recueils de nouvelles (WaysidersThe Golden BarqueThe Leprechaunof Kilmeen) et trois romans : Wet ClayThe Lady of Deerpark, et La Tombe du tisserand. Ce dernier, unique texte traduit en français à ce jour, a été écrit en 1918 et publié juste après sa mort. » 

 

Frédéric Coché (né en 1975), qui a réalisé la suite de gravures insérée à la fin du livre, est un peintre et dessinateur français exilé à Berlin, qui dit dessiner avec sa mémoire. Lecteur frénétique, amateur de mythologie, de danses macabres et d'histoire de l'art, il travaille avec prédilection sur les thèmes de la mort, des images, des voyages.

La tombe du tisserand



04/06/2013
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